Deux nouvelles traductions de l’italien de Philippe Di Meo viennent de paraître: Les Bêtes de Federigo Tozzi, aux éditions José Corti, et L’Infini de Giacomo Leopardi, aux éditions Le Cadran ligné. Disponibles à l’Odeur du Book.
Cette série de proses brèves auxquelles Tozzi travailla de 1913 à 1917, constamment republiées depuis cette date, possèdent un seul point commun : dans chacun de ces 69 fragments un animal apparaît de manière fortuite ou marginale pour parer le récit de sa signification propre. Chaque segment narratif se trouve ainsi relié à tous les autres par un subtil fil symbolique.
Deux fragments, le premier et dernier, donnent la clef du texte. Ils se caractérisent par la présence du seul animal qui, au sein du recueil, semble vivre en accord avec la nature : l’alouette. Cet oiseau représente un besoin d’élévation, de sens, d’accord avec la nature. Dans le premier fragment est décrite la difficulté qu’a l’alouette à vivre dans un monde dominé par l’homme : dans le dernier, un appel à l’animal afin qu’il revienne au sein de l’âme humaine pour la régénérer.
Les narrations intermédiaires, dans lesquelles l’alouette n’est pas présente, deviennent des allégories vides. Celles-ci s’attachent à souligner le besoin d’un sens et l’impossibilité de l’obtenir.
Les Bêtes est également le portrait d’un homme irrité contre la vie et contre lui-même, en polémique avec son temps.
Les Bêtes de Federigo Tozzi est considéré par la critique italienne non seulement comme un des sommets du récit italien du XX° siècle mais, encore, comme le chef-d’œuvre stylistique de la prose italienne du temps.
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Federigo Tozzi Les Bêtes traduit de l’italien par Philippe Di Meo José Corti 2012 collection Biophilia 111 pp. 16 euros…
Le Cadran ligné publié dans une élégante maquette et sur papier vergé ivoire un seul poème à la fois.
Cette fois c’est une nouvelle version de L’infini de Leopardi qui est proposée, le poème emblématique le plus célèbre du reclus de Recanati mais également entre tous le plus ardu à traduire, peut-être.
De rimes internes en rimes internes, le traducteur a choisi un parti pris de littéralité pour rendre le mouvement de la pièce et valoriser ses assonances et autres allitérations seules à même de faire résonner le mouvement de la pensée de Leopardi d’échos habilement ménagés en rebonds euphoniques enveloppants. Le dynamisme du vers mimant la mobilité d’une pensée passant sans cesse d’un ordre de la réalité à l’autre s’avère frappant. Car L’infini est aussi, comme tous les grands poèmes de Leopardi, une interrogation à arrière-plan métaphysique et philosophique sur l’univers et, donc, un questionnement sur l’homme, sa place et sa destinée cosmique. Un impossible excédant la pensée humaine, immanquablement engagée dans de « surhumains silences », et dans lequel la pensée peut seulement « naufrager ».
Giacomo Leopardi L’Infini traduit par Philippe Di Meo Version bilingue Le Cadran ligné non paginé [8 p.] 3 Euros …